Neðstikaupstaður

Neðstikaupstaður

Jón Sigurpálsson

lundiinn 16. avril 2018

Les premiers commerçants, à l‘époque du Monopole du commerce, se sont construit une maison sur un cap, à l’intérieur du fjord Skutulsfjörður. Il s‘agissait généralement d‘une maison en bois et d‘un magasin en pierre et en tourbe. La plus ancienne maison qui subsiste est en fait plus récente. C‘est la boutique Krambúðin, construite en 1757. Il n‘y avait guère de raison de construire en dur pour les marchands. Ils résidaient rarement en hiver, venaient au printemps, et retournaient au Danemark à l‘automne. Il arrivait qu‘un commerçant passe l‘hiver en Islande, au grand dam des autorités qui redoutaient que la proximité des magasins en hiver n‘encourage les couches laborieuses à s‘enivrer et à dépenser. Et ce n‘était pas sans risques, pour ceux qui restaient l‘hiver. Il y en eut un au moins qui le fit, Adrian Jensen Munch. Il fut assassiné dans une rixe par des gens du coin. Il semble avoir refusé de leur vendre du tabac.

La confrérie des négociants, en 1764, décida finalement d‘assurer une présence l‘hiver dans tous les ports des fjords de l‘Ouest et à Eyrarbakki. La décision fut prise manifestement après que la confrérie eut commencé à apprendre aux Islandais à préparer la morue salée. Elle était devenue une denrée recherchée dans de nombreux pays d‘Europe. Les fjords de l‘Ouest semblaient propice au travail de la morue, pour des raisons climatiques et parce qu‘ils étaient proches de bancs poissonneux. Il fallut bien entendu construire une demeure pour le directeur du magasin, le „faktorinn“, s‘il devait rester sur place toute l‘année. Une maison d‘habitation fut donc érigée en 1765. Elle est toujours habitée, et porte le nom de Faktorhúsið. Vers 1900, au tournant du siècle, il y avait une vingtaine de maisons au même endroit. Quatre maisons demeurent: À krambúðin et Faktorhúsið déjà nommées, ajoutons Tjöruhúsið, construite en 1781, et Turnhúsið, construite en 1784. Ces deux dernières étaient destinées à être des entrepôts.

Quand le Monopole du commerce fut aboli en 1787, l‘association des commerçants d‘Altona reprit le flambeau. Leur présence ne dura que 6 ans, jusqu‘en 1997. Les commerçants qui leur ont succédé ont mieux réussi, et c‘est une caractéristique de Neðkaupstaður, les négociants y restaient longtemps. Quand les hommes d‘Altona jetèrent l‘éponge, les associés Jens Lassen Busch et Henrik Christian Paus prirent la suite: ils dirigèrent ce magasin, jusqu‘à ce que Matthias Wilhelm Sass, commerçant important, l‘acquière. Sass et ses descendants furent aux commandes du magasin pendant 59 ans, jusqu‘en 1883. Ce magasin se rendit célèbre en Islande en construisant le premier ponton pouvant accueillir des bateaux de pêche en 1868.

Le magasin de Sass fut vendu à Ásgeir G. Ásgeirsson en 1883, et devint la plus grande entreprise de commerce privée en Islande. Le magasin d‘Ásgeir survécut jusqu‘en 1918. Les Magasins Réunis prirent alors la suite. Mais cette nouvelle expérience fut de courte durée, car les Magasins Réunis firent faillite  en 1926. Les jours du magasin étaient comptés.

Le préfet de région Johann Gunnar Ólafsson était en poste quand le musée d‘intérêt local des fjords de l‘Ouest fut réouvert vers 1950. Il engagea un rude combat pour la conservation des maisons d‘Ísafjörður datant du dix-huitième siècle. Il publia à ce sujet plusieurs articles dans la revue annuelle de la société d‘Histoire d‘Ísafjörður. Il faisait référence, pour défendre ses positions, à des articles d‘Hörður Águstsson, parus dans les deux premiers numéros de la revue Birtingur en 1962. La municipalité, à cette époque, avait décidé de raser les maisons de Hæstakaupstaður. On peut sans risque affirmer que les prises de position de Johann Gunnar ont amené le conseil municipal à repousser la destruction des maisons. La maison de Hæstakaupstaður et celles de Neðstaðkaupstaður sont toujours en place, et sont aujourd‘hui la  fierté de la cité. Ces demeures ont été classées en 1975 à la demande de la municipalité, et on ne remerciera jamais assez ceux qui ont concouru à leur préservation.

Faktorhúsið

La maison Faktorhúsið, construite en 1765, est de type à rondins. On estime que ce type d‘architecture est originaire du sud de la Scandinavie, où le chêne dominait et où on ne disposait pas de longs poteaux de bois rectilignes pour la construction. On peut dire que leur structure est en rondins à la surface irrégulière, sur lesquelles sont fixés des lambris horizontaux.

L‘association générale des commerçants prit possession du monopole du commerce  en 1764, et fit construire immédiatement des habitations de qualité dans ses nombreux emplacements commerciaux. Elles étaient toutes de construction similaire, des habitations à rondins, et étaient disponibles en au moins deux dimensions. De telles demeures ont vu le jour à Stykkishólmur, Akureyri, Vestmannaeyjar, Eyrarbakki, et bien sûr à Ísafjörður. Seules deux maisons subsistent aujourd‘hui, „Húsið“ à Eyrarbakki et Faktorhúsið à Ísafjörður.

Faktorhúsið, au milieu du dix-neuvième siècle, avait cent ans. Elle fut alors changée et transformée. Elle reçut un nouvel habillage tant à l‘extérieur qu’à l‘intérieur, témoignant d‘un style architectural différent. La  demeure fut recouverte de tôle ondulée au tournant du siècle et peu de temps après, un appentis fut construit à côté de l‘entrée principale. Factorhúsið fut restaurée à partir de 1977, dans l‘idée de redonner à la demeure l‘aspect qu‘elle avait après sa reconstruction au milieu du dix-neuvième siècle.

La disposition des pièces dans la Faktorhúsið est celle qui dominait vers le milieu du dix-neuvième siècle. L‘entrée était au milieu de la façade. Un mur oblong traversait la maison en son milieu et deux cloisons perpendiculaires encadraient l‘entrée. Du côté façade étaient situés deux salons auxquels on accédait par l‘entrée. Un escalier, dans l‘entrée, menait à l‘étage supérieur. À l‘arrière se succédaient une chambre, la cuisine et une buanderie. Une cuisinière trônait au milieu de la cuisine, surmontée d‘une hotte qui montait jusqu‘au plafond.

Les salons étaient chauffés par une cuisinière. Elle était alimentée directement par une ouverture donnant sur le foyer. Les salons, à l‘intérieur, étaient lambrissés de planches verticales, s‘encastrant par une rainure. Elles allaient du sol au plafond, étaient de couleur vert foncé et décorées au niveau du plafond avec des motifs simples.

La faktorhúsið, à l‘extérieur, était goudronnée de la base jusqu‘à la panne faitière. Seules les fenêtres et les portes étaient peintes. La maison, au milieu du siècle dernier, fut agrémentée de baguettes de liaison. On y ajouta de nouvelles fenêtres et un revêtement mural à l‘intérieur. La maison ainsi, changea d‘allure et de style architectural.

 

Krambúðin

La maison Krambúðin fut construite en 1757 comme une maison à colombage. Le commerce était dans la partie sud et l‘entrepôt dans la partie nord. Son utilisation resta pratiquement inchangée jusqu‘en 1920. Elle fut alors relambrissée tant à l‘extérieur qu‘à l‘intérieur, et transformée en maison d‘habitation.

Le socle des maisons était similaire, partout à Neðstakaupstaður. La base n‘était guère solide. Il s‘agissait d‘un mur de pierre disposé sur une assise de graviers, assortie d‘un système d‘écoulement des eaux. La description la plus ancienne dont on dispose date de 1774. Quand Krambúðin fut construite, les commerçants ne résidaient pas à Ísafjörður en hiver, mais on pense que des employés du commerce y résidaient pendant l‘été.

Des maisons à pans de bois de ce type furent construites en de nombreux endroits en Islande au dix-huitième siècle. Il était courant au Danemark de remplir ces demeures de maçonnerie. Des briques étaient généralement utilisées. Ce genre de maison n‘était pas lambrissé, mais les colombages et le remplissage intérieur étaient visibles. Il existe de nombreux exemples en Islande de maisons à pans de bois qui furent, initialement, remplies de briques. Il s‘agissait essentiellement de maisons d‘habitation. On avait pensé au début que de telles maisons, comme au Danemark, n‘avaient pas besoin de revêtement extérieur. Mais cela donna de mauvais résultats en Islande. Elles étaient mal isolées et le bois pourrissait en peu de temps. Presque toutes ces demeures reçurent ultérieurement un revêtement. Rien ne montre que Krambúðin ait fait l‘objet de travaux de maçonnerie, car ce genre de traitement était réservé aux maisons d‘habitation.

 

Tjöruhúsið

Tjöruhúsið, construite en 1781 à l‘époque du monopole royal du commerce, était destinée à conserver des marchandises. Elle fut édifiée en rondins. Les techniques de construction sont analogues à celles de Turnhús, malgré leur différence de taille. Les murs sont constitués d‘un empilement de rondins horizontaux épais et non poncés. Les planches s‘encastrent par un système de rainures et sont maintenues ensemble avec des chevilles en bois. Les rondins, dans les angles, sont évidés à moitié et se prolongent au-delà de l‘angle des murs.

Ce type de construction n‘est pas sans rappeler les maisons en rondins qui étaient fréquentes en Scandinavie. Mais elles présentent des caractéristiques évidentes qui indiquent qu‘elles ont été construites et pensées par des charpentiers danois.

On y trouvait dès le point de départ un plancher de bois. Le sol était recouvert de gravier. Le gravier était tassé et le plancher posé directement dessus dans poutres pour le soutenir. Les poutres à l‘étage traversaient la maison et reposaient en leur milieu sur la poutre maitresse qui divisait la maison en deux. La poutre maitresse reposait sur quelques poteaux, et dans la Turnhúsið, des pièces de bois en biais relient les poteaux aux poutres et en renforcent la solidité. De courtes poutres relient les chevrons des deux pentes du toit. Et dans la turnhúsið, l‘espace qui la surmonte est à hauteur d‘homme.

Il semble que le monopole royal du commerce dernière période ait „produit“ des maisons de ce style en grand nombre. On connait la présence de maisons du même type au Groenland construites à la même époque.

Turnhúsið

Turnhúsið, construite en 1784 à l‘époque du monopole royal du commerce dernière période, était destinée à conserver des marchandises. Elle fut édifiée en rondins. Les techniques de construction sont analogues à celles de Tjöruhús, malgré leur différence de taille. Les murs sont constitués d‘un empilement de rondins horizontaux épais et non poncés. Les planches s‘encastrent par un système de rainures et sont maintenues ensemble avec des chevilles de bois. Les rondins, dans les angles sont évidés à moitié et se prolongent au-delà de l‘angle des murs.

Ce type de construction n‘est pas sans rappeler les maisons en rondins qui étaient fréquentes en Scandinavie. Mais elles présentent des caractéristiques évidentes qui indiquent qu‘elles ont été construites et pensées par des charpentiers danois.

On y trouvait dès le point de départ un plancher de bois. Le sol était recouvert de gravier. Le gravier était tassé et le plancher posé directement dessus sans poutres pour le soutenir. Les poutres à l‘étage traversaient la maison et reposaient en leur milieu sur la poutre maitresse qui divisait la maison en deux. La poutre maitresse reposait sur quelques poteaux, et dans la Turnhúsið, des pièces de bois en biais relient les poteaux aux poutres et en renforcent la solidité. De courtes poutres relient les chevrons des deux pentes du toit. Et dans la Turnhúsið, l‘espace qui la surmonte est à hauteur d‘homme.

Il semble que le monopole royal du commerce dernière période ait „produit“ des maisons de ce style en grand nombre. On connait la présence de maisons du même type au Groenland à la même époque. La maison Salthúsið à Þingeyri et l‘entrepôt d‘Hofsós datent de la même époque et sont de même style.

 

 

Upp